Avant l'arrivée des Vikings, la Normandie portait différents noms selon les époques et les civilisations qui l'ont occupée. Voici un résumé rapide :
- Période celtique : Habitée par des tribus gauloises comme les Lexovii, Veliocasses, Calètes et Baiocasses. Les noms de villes comme Lisieux (Noviomagus Lexoviorum) ou Rouen (Rotomagus) en témoignent.
- Période romaine : Intégrée à la province de Gallia Lugdunensis Secunda. La romanisation a transformé la région avec des infrastructures et une urbanisation.
- Période franque : Connue sous le nom de Neustrie, signifiant "nouvelle terre de l'Ouest". Christianisation, création de monastères et réorganisation administrative marquent cette époque.
Résumé rapide : Avant de devenir la "Normandie", la région était d'abord celtique, puis romaine, et enfin franque sous le nom de Neustrie.
Noms celtiques et romains
Les tribus celtes dans la région
Avant la conquête romaine, la future Normandie était habitée par plusieurs tribus celtes qui structuraient le territoire.
Les Aulerci, une confédération importante, occupaient une vaste zone entre la Loire et la Seine. Leur nom pourrait signifier "ceux éloignés de leurs traces". Vers 600 av. J.-C., ils auraient participé aux migrations légendaires vers l'Italie, menées par Bellovesus, aux côtés d'autres tribus comme les Aedui et les Arverni.
Le territoire était divisé entre plusieurs peuples majeurs, chacun ayant un centre administratif bien défini :
| Peuple gaulois | Centre principal | Ville actuelle |
|---|---|---|
| Lexovii | Noviomagus Lexoviorum | Lisieux |
| Veliocasses | Rotomagus | Rouen |
| Calètes | Juliobona | Lillebonne |
| Baiocasses | Augustodurum | Bayeux |
Ces centres jouaient un rôle clé dans l'organisation territoriale.
La domination romaine et ses transformations
La conquête par Jules César en 56 av. J.-C. marqua un tournant majeur pour la région. Par la suite, en 27 av. J.-C., l'empereur Auguste réorganisa les territoires gaulois, intégrant notamment les Calètes et les Veliocasses à la province de Gallia Lugdunensis.
Les Calètes furent désignés différemment selon les auteurs antiques : César les appelait « Caletes » (milieu du Ier siècle av. J.-C.), Strabon utilisait « Káletoi » et « Kalétous » (début du Ier siècle apr. J.-C.), Pline les nommait « Galetos » (Ier siècle apr. J.-C.), Ptolémée les désignait par « Kalē̃tai » (IIe siècle apr. J.-C.) et Orose les mentionnait sous le nom de « Caleti » (début du Ve siècle apr. J.-C.).
Les noms sous l'époque romaine
Durant la période romaine, la région fut intégrée à la Gallia Lugdunensis Secunda. L'administration romaine développa un réseau routier, urbanisa les centres existants et créa de nouvelles villes fortifiées.
Certains toponymes, comme Rotomagus (Rouen) et Noviomagus Lexoviorum (Lisieux), conservèrent leur origine celtique tout en adoptant des terminaisons latines.
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Neustrie : Le royaume franc
Après la chute de l'Empire romain, la région passa sous la domination des Francs, se transformant en une entité politique distinctive.
La création de la Neustrie
La Neustrie émergea après l'effondrement de l'Empire romain en Gaule. Son nom, signifiant "nouvelle terre de l'Ouest", désignait initialement un vaste territoire entre la Loire et la Silva Carbonaria. Cette région représentait la partie occidentale du royaume des Francs, par opposition à l'Austrasie située à l'est.
Au fil du temps, ses frontières furent redéfinies. Sous les Carolingiens, son territoire se limita à la zone entre la Seine et la Loire. Un tournant important eut lieu en 861 avec Charles le Chauve, qui établit les Marches de Neustrie pour défendre la région contre les invasions bretonnes et vikings.
Cette évolution entraîna une organisation politique complexe, décrite ci-dessous.
Structure gouvernementale
La Neustrie était politiquement organisée de manière complexe, avec des divisions territoriales fréquentes. La transmission héréditaire du pouvoir compliqua davantage la gestion du royaume.
Voici les principales phases politiques de la Neustrie :
| Période | Caractéristiques | Événements clés |
|---|---|---|
| VIe siècle | Fondation du royaume | Établissement de la monarchie dans l'Ouest |
| VIIe siècle | Rivalité avec l'Austrasie | Domination temporaire sous Ebroin en 678 |
| 687 | Perte d'autonomie | Défaite face à Pépin de Herstal à Tertry |
Principales villes et monastères
Avec une structure politique en place, le développement urbain et religieux joua un rôle crucial.
La Neustrie s'articulait autour de villes importantes comme Paris, Orléans, Tours et Soissons. Durant le VIIe siècle, des centres religieux majeurs virent le jour, notamment dans la vallée de la Seine.
L'aristocratie neustrienne fonda plusieurs abbayes influentes vers 654, parmi lesquelles :
- Jumièges
- Pavilly
- Montivilliers
Ces abbayes, suivant la règle bénédictine, devinrent des institutions puissantes. Elles possédaient de vastes terres à travers la France, générant des revenus importants et jouant un rôle clé dans les conflits politiques et dynastiques.
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La vie avant les Vikings
Population et classes sociales
Avant l'arrivée des Vikings, la Normandie, influencée par la culture franque, présentait des caractéristiques démographiques similaires à celles de la Picardie et de l'Île-de-France. La population se répartissait de manière distincte selon les zones géographiques :
| Zone géographique | Caractéristiques de peuplement |
|---|---|
| Est (Roumois et Pays de Caux) | Communautés établies de manière stable |
| Péninsule du Cotentin | Habitats plus dispersés à l'ouest |
| Zones intermédiaires | Pagii traditionnels avec une population stable |
Dans ces régions, certaines communautés locales conservaient leurs traditions anciennes, particulièrement dans les pagii. Cette organisation démographique influençait également les activités économiques locales.
Commerce et économie locale
L'économie était principalement basée sur l'agriculture (céréales et lin) et l'artisanat, notamment la construction en colombage. Ces pratiques, héritées de l'époque romaine, combinaient des influences romaines et celtes. Ces activités économiques constituaient les bases d'un patrimoine qui allait évoluer avec l'arrivée des Vikings.
Héritage mixte
L'évolution amorcée sous la domination romaine et franque avait profondément marqué le territoire. La romanisation avait introduit un réseau routier structuré, une urbanisation progressive et des avancées en agriculture. L'architecture locale reflétait cette fusion culturelle : les constructions mélangeaient des éléments celtiques, des techniques romaines d'organisation spatiale et des influences franques.
La christianisation, initiée sous l'Empire romain et renforcée à l'époque franque, jouait également un rôle essentiel dans la vie quotidienne. Les abbayes et monastères servaient non seulement de centres religieux, mais aussi de pôles économiques et culturels majeurs.
Preuves physiques et toponymie
Origines des noms locaux
Environ un cinquième des communes normandes portent des suffixes datant d'avant l'époque viking, reflétant un héritage multiculturel. Ces noms témoignent d'une histoire complexe, mêlant différentes influences.
| Origine | Suffixes typiques | Exemples historiques |
|---|---|---|
| Franque | -ville, -court, -mare | Bourville (715 : "Bodardi villa") |
| Saxonne | -ham, -ton, -hem | Ouistreham (1086 : "Oistreham") |
Les noms en « -ville » sont particulièrement répandus, représentant 460 communes sur les 1 068 recensées dans toute la France. Cette concentration met en lumière l'importance de l'implantation franque en Normandie.
Découvertes archéologiques
Les fouilles archéologiques viennent corroborer cette diversité culturelle ancienne. Elles ont mis en évidence des traces d'occupation avant l'arrivée des Vikings, notamment :
- Nécropoles franques : Des sites funéraires majeurs ont été identifiés à Envermeu, Londinières, Hérouvillette et Douvrend, révélant une forte présence franque, particulièrement dans l'est de la région.
- Implantations saxonnes : Neuf grandes nécropoles, comme celles de Réville, Vierville-sur-mer et Frénouville, témoignent d'une présence saxonne dès le Ve siècle. Dans le Bessin, des documents officiels des années 843 et 846 mentionnent un « pagus » appelé « Otlinga Saxonia ».
Une découverte exceptionnelle a eu lieu en avril 2011 à Saint-Germain-de-Varreville : un trésor de 14 528 pièces romaines, datées de 310 à 348 après J.-C., pesant 42 kg et contenu dans un vase en céramique. Ce trésor, acquis par le Musée de Normandie en 2015, illustre la richesse de l'occupation gallo-romaine dans cette région.
Conclusion : De l'Antiquité à l'ère viking
L'histoire de la Normandie est un véritable voyage à travers les âges, marqué par des influences variées et des évolutions successives.
Chaque période - celtique, romaine, puis franque - a laissé son empreinte sur l'identité de la région. La romanisation a introduit des structures administratives solides, notamment avec la Gallia Lugdunensis Secunda, dont les frontières annonçaient déjà celles du futur duché de Normandie.
Sous les Francs, des réformes profondes ont transformé l'organisation religieuse et administrative. Ces ajustements ont pavé la voie à l'arrivée des Vikings à la fin du VIIIe siècle, un tournant majeur pour la région.
À la veille des incursions vikings, le christianisme dominait, incarné par des abbayes comme celles de Saint-Ouen, Saint-Wandrille et Jumièges. Ces centres religieux, riches et influents, devinrent des cibles privilégiées lors des premiers raids.
« Après 911, ce nom remplace celui de Basse-Neustrie, sous lequel cette terre était connue jusque-là »
Ces transformations successives ont préparé le terrain pour l'émergence du duché de Normandie, un des chapitres les plus marquants de son histoire.
